Le métro, ce lieu où l'on passe sans s'attarder, ce lieu transitoire d'un objectif que nous sommes seuls à connaître, ce lieu d'un marathon éperdu. Le métro c'est aussi parfois ce lieu où le hasard fait qu'on se trouve pris dans une attente indéfinie et un étonnant silence tellement stressant… Le métro c'est aussi ce lieu où s'échangent des regards et des passions fugitives. Et puis, il y a les courses dans ces escaliers et ces marches qui se multiplient pratiquement à l'infini
Gérard Chauvin
"Pourtant il m'est interdit de retourner en arrière, une telle perte de temps, un tel aveu me seraient insupportables. Comment dans cette vie brève, hâtive, qu'accompagne sans cesse un bourdonnement impatient, descendre un escalier ? C'est impossible ! Le temps qui t'est mesuré est si court qu'en perdant une seule seconde, tu as déjà perdu ta vie entière, car elle n'est pas plus longue, elle ne dure justement que le temps que tu perds ! T'es-tu ainsi engagé dans un chemin, persévère à tout prix, tu ne peux qu'y gagner, tu ne cours aucun risque; peut-être qu'au bout t'attend la catastrophe, mais si dès les premiers pas tu avais fait demi-tour et si tu avais redescendu l'escalier, tu aurais failli dès le début, c'est plus que probable, c'est même certain. Ainsi ne trouves-tu rien derrière ces portes, rien n'est perdu, élance-toi vers d'autres escaliers ! Tant que tu ne cesseras de monter, les marches ne cesseront pas; sous tes pieds qui montent, elles se multiplieront à l'infini ! "
Franz Kafka - protecteurs